Monday, July 27, 2009

Quitter la ville: quitter l'absence de quelqu'un qui n'est nulle part aussi absent qu'ici. Est-ce pour la chercher, cette absence, ailleurs? Ou, au contraire, s'agit-il de la quitter, elle aussi; l'abandonner comme la ville, et à la ville, afin de chercher, plutôt, l'absence de cette absence?

Ce qui manque, c'est une présence, dit-on. Une présence qui désormais hante les rêves; une présence absente, à peine quittée au réveil, mais dont ne persiste aucun souvenir sauf celui du manque.

Quitter la ville: s'en absenter. Abandonner l'absence de quelqu'un qui n'est aussi absent nulle part ailleurs. Ici, l'absence est la plus profonde, puisque la douleur qu'elle provoque reste toujours dans l'intimité de cette présence qui n'est plus.

Ailleurs œuvre déjà une autre absence: l'absence de soi à qui manquait une présence; l'oubli du temps et de l'espace de l'absence douloureux. Le vent caresse les feuilles blanches, et la plume écrit en givre.

Je vais quitter la ville. Mon absence y restera encore un instant, inaperçue de personne.

Sunday, July 26, 2009


An imp of flânerie must have prompted us to follow a woman on rue de la Volta through a shabby unlocked door. I thought it would lead into one of those secret courtyards, so frequent in Paris. Instead, we found ourselves at an AA meeting, held at the headquarters of a Communist party. Gathered in a room lit only by tea candles, round a long table covered with white table cloth, were middle-aged Americans, intent on a female voice which seemed to flow from a speaker. Soothing and hypnotic, the voice guided the group through a series of facial exercises: "Raise your brows as high as you can," "Now shut your eyes as tight as possible, now open them as wide as you can." It also described the sensations that the participants should feel at each step: the alteration of tension and relaxation, in their temples, or in the corners of their mouths. On the table, there were white cards with cliché sayings printed on them: "Keep an open mind," "First thing first"... and plates with barely visible cookies, and pitchers of presumably non-alcoholic punch. "This is a cult," A. whispered, none too softly. "Let's go," I said, unsure how much longer A. would want to observe this strange ceremony. "Let's go," she answered in a tone suggesting we were here against our will.


Saturday, July 11, 2009


fatal accident: unpremeditated suicide

Friday, July 10, 2009


pain is always experienced as an injustice

Wednesday, July 08, 2009

La parole des vrais amis est comme de l'air frais à quelqu'un qui a mal à respirer. Parole, poésie: la santé... Est-ce qu'il y a vraiment des corps si robustes qu'ils n'ont pas besoin de l'un pour pouvoir profiter de l'autre?

(from a letter to a friend)

Two sources of writing: the urgent response to an experience (which, regardless of its apparent nature, is an experience of beauty); or the patience of the pen moving across the page, waiting for something, a shard of beauty, to appear. The plentiful source and the arid source. Both equally invaluable.
On attend. Il devrait arriver quelque chose qui résoudrait l'attente, lui donnerait un sens et annulerait le mur, ou au moins découvrirait qu'il n'est pas insurmontable. Un événement, un accident, quelque chose, on se contenterait de peu, sans que l'on puisse deviner ce que cela pourrait être. On écrit donc en attendant mieux, sans savoir ce qui viendra, pour être là quand cela se produira, pour occuper l'attente et rester en éveil. Si on cessait d'écrire, on est sûr que cela n'arriverait pas. On ne voit pas comment, mais on s'accroche à l'espoir que l'événement surviendra aussi puissamment que le mur, un jour, s'est élevé, devant. Il faudrait que cette paroi disparaisse comme elle est venue. Alors, on se souviendra surtout du mur comme d'un temps mort. On respirera à nouveau. On respire déjà mieux de peut-être, un jour, respirer davantage et se trouver dans un espace délié. On respire déjà mieux d'écrire que quelque chose déliera. On écrit qu'on respire déjà mieux, mais ce n'est pas ce qui doit venir. En attendant, on écrit pour respirer un peu.
~ Antoine Emaz, Poème du mur




il y a des êtres incapables de sortir d'eux-mêmes: même pour aimer. ainsi, ils attendent en vain que quelque chose leur arrive, vienne du dehors, qui percerait une issue.

un jour de pluie, le miracle passe inaperçu.