Wednesday, November 21, 2012

Sur les pas de Sophie Calle ...

De la journée ne restaient que quelques heures, toute la clarté éparpillée en bossant sur des épreuves. Juste assez de temps pour aller à la bibliothèque, métro Faidherbe-Chaligny. J'ai rendu les quatre documentaires et me suis dirigée vers le rayon photo. J'ai voulu consulter un des ouvrages de Sophie Calle que je ne connaissais pas: Où? Quand? La bibliothèque Faidherbe n'avait que le volume Lourdes. Je me suis assiss, sans ôter mon manteau, et l'ai lu d'un trait. Lourdes est un livre où le miracle n'arrive pas, où les miracles sont des petites rencontres quotidiennes, des coïncidences qui surviennent seulement là où on ne les a pas appelées. S.C. parle des disparitions, la disparition imminente de sa mère, la disparition de son amie Florence Aubenas. Je n'avais jamais entendu ce nom et ne savais pas s'il s'agissait alors d'une mort ou d'une disparition, disons, "géographique". J'ai remplacé le volume sur son étagère (770.92 CAL) et suis descendue dans le sous-sol, rayons Roman, Poésie, Autobiographie... Je cherchais alors quelque chose par Bernard Noël. Des écrits plus anciens. Rayon Roman ... NE ... NI... NO... Pas de Noël. Je suis incapable, dans une bibliothèque, d'aller droit au bout. Je flâne. Les noms, les titres, me parlent et je ne peux pas m'empêcher de leur parler à mon tour. Le titre Explorateurs de l'abîme m'a frappé, avec son dos blanc, comme si pas encore lu. Je l'ai ouvert par hasard. Mon œil rencontra le nom de Florence Aubenas. Est-ce possible? Ensuite Sophie... Sophie... Oui, en effet, Enrique Vila-Matas, un auteur que jusqu'ici je ne connaissais pas, bien que son nom m'était familier, racontait une histoire nouée autour S.C.

Friday, September 02, 2011

rêve

J'ai fait un rêve qui durait toute ma vie:

Enfant, j'ai passé beaucoup du temps dans la maison de ma grand-mère. Sauf que la grand-mère n'était pas là: il y avait d'autres femmes, entre elles N. [peut-être parce qu'elle émane ce calme maternel que ni ma mère ni ma grand-mère ne possédaient pas?], une tante je crois, voisines peut-être. . . . Je jouais avec des enfants tsiganes et en particulier avec un garçon de mon âge [c'est tout dans le rêve; dans la "vraie" vie, il n'y avait jamais des tsiganes dans le village de ma grand-mère et je ne jouais qu'avec mes cousins--"l'oncle-des-fleurs" dont la maison adossait presque celle de sa mère--et d'autres gosses du voisinage, plutôt riches].

J'étais partie, puis revenue plus grande; j'avais peut-être 25-27 ans dans le rêve. Le garçon aussi. Mais il jouait avec des gosses comme s'il en avait toujours douze. Pauvrement habillé, comme des enfants pendant la guerre: un pull tricoté avec des dessins géométriques marrons et blancs, en dessous une chemise; un pantalon court, mais recouvrant les genoux; des chaussettes qui retombaient sur ses chevilles, et des chaussures boueuses. Mais il était très beau.

J'avais mal à le retrouver. Je voulais renouer cette connaissance d'enfance. J'étais avec une copine--une fille du village peut-être, ma cousine. . . ?--et nous avons aperçu le père-tsigane qui pénétrait dans la broussaille. C'est là où ils ont leur campement secret! Nous l'avons suivi. Il n'y avait ni tentes ni wagons, mais des tables prêtes pour une fête, de la bouffe, boissons, beaucoup de gens qui s'amusaient autour du feu. Le père tsigane était très élégant. C'était en effet le frère aîné de mon ami d'enfance. Il portait une chemise violette, un veston clair marron, une cravate genre Texas (bolo), des cowboy boots . . . oui, habillé un peu cowboy en fête, sauf chapeau qui était petit noir, que portent nos amis roumains. Mon ami paraissait plus grand--c'est-à-dire, se portait plus en homme que comme enfant qui joue.

Nous nous approchions de la table. Parmi autres choses il y avait des œufs en gélatine: le blanc des œufs était tout clair, et le jaune comme une boule de verre enfermé dedans. Mais mi-mou comme des gummi bears, et tout cela flottait dans un liquide dans un bol. Mon ami--je vais l'appeler comme ça puisque il n'a jamais été nommé dans le rêve, quel dommage!--a retroussé les manches et plongé sa main pour m'en pêcher un de ces œufs. Ils étaient lisses comme des poissons et il n'y arrivait pas. On a renoncé en riant et il m'a dit qu'ils avaient d'ailleurs un goût horrible (et, chez les tsiganes, si on goûte qqch il faut la manger entière [ça aussi c'était une pensée du rêve]).

Je l'admirais maintenant quand il n'était plus un enfant et je voyais qu'il désirait grandir mais quelque chose l'en empêchait. Sur la table je me suis aperçue d'un cadeau qui m'était adressé. J'ai su que c'était lui qui l'avait préparé. Je n'ai rien dit.

La scène change [ou j'ai un trou dans le rêve]. On est maintenant à la fête dans la maison de ma grand-mère (ou de mon oncle à côté). Tout est bien propre, le monde bien habillé, conversations bien plates. Un admirateur m'a donné un cadeau. C'est un curieux et bel objet, mais finalement assez encombrant. Pour jouer bonne maîtresse de la maison je le loue et j'essaie de l'arranger: il consiste en plusieurs vases en verre coloré, ayant des formes fantastiques, que l'on peut entasser l'une sur l'autre comme des morceaux d'un puzzle, remplir de l'eau et y mettre des fleurs. Je construis une tour précaire et joue avec la disposition des fleurs. Il y a beaucoup du monde, c'est étouffant.

Mon ami tsigane est aussi là, mal à l'aise, mais il est venu quand même. Je me rends compte qu'il est amoureux de moi et je ressens beaucoup de sympathie pour lui . . . mais je ne l'aime pas. Il m'a apporté son cadeau. Il est magnifique. C'est un jeu d'histoire. Il il y a un "dictionnaire"--un gros volume blanc qu'il a écrit à la main qui se rapporte au jeu. Puis plusieurs planches de jeu coupées en bois, avec des morceaux carrés amovibles que l'on peut déplacer à l'intérieur de chaque planche. Son amour est encrypté dans ce travail qui aurait du prendre plusieurs ans. Je comprends qu'à mon côté il deviendrait vraiment un homme, qu'il est déjà si beau . . . et je l'aime pour son dévouement, pour son amour qu'il me porte . . . mais je sais que je l'abandonnerais, que je le quitterais pour un autre, qu'il y a une autre vie que celle qu'il s'imagine et qui serait pourtant si belle, qui m'attend. . . . [Ce sentiment, c'est comme le pressentiment, plus que ça, le présage, le savoir avant-coureur, de ma vie qui suivra cet âge que j'ai là. . . . Cette pensée m'a remplie, dans le rêve, avec un sentiment du deuil profond, pour son amour à lui, pour ce qui finissait, ce qui était destiné à finir par une sorte de fatum que je portais en moi, et non pas une nécessité historique qui permettrait peut-être plusieurs destins. . . . J'avais envie de pleurer, et je désirais profondément pouvoir rester, pouvoir m’enserrer dans cette belle vie imaginé par l'autre]. Je me débats si je devrais accepter le cadeau: ne pas accepter cet objet qui ne peut pas évidemment être destiné à aucune autre personne serait brutal, impoli, une rupture violente de notre amitié. L'accepter alors en tant qu'une amie. Mais partir après serait une trahison, comme si le cadeau était déjà un engagement. Je sais que je vais l'accepter et qu'il deviendra un objet de deuil pour moi--cher et impossible à supporter.

Thursday, July 28, 2011

No wonder the Paris residence program attracted such a large enrollment this year: the door of their new office was labeled:
STUDY A BROAD

Sunday, July 11, 2010

at five o'clock in the morning, everything is still and the streets are empty. that's what one would expect: yet there is a life that goes on: crows cross the street with their resolute step, approach the cars chosen well in advance, call out to each other their morning news, sit on rooftops and adjust tv antennas to their favorite programs. unlike humans, crows are never in a rush. they pass from garden to garden unhurriedly, enter unfamiliar kitchens and enjoy quiet breakfasts at the table, peck through the morning paper, and scrupulously balance their accounts. at five o'clock in the morning, people are entirely unnecessary.

Saturday, July 10, 2010

If one can say of breath that it is well-articulated, like a word when it is pronounced with clear diction, then what I heard in my ear, as if someone were leaning over it after I had been lying awake for quite some time, waiting for the sun to come up, was a single, well-articulated exhalation. I could almost recognize the sound of voice that seemed to reside in the breath's inaudible wake. Yet there was no word; only a fleeting presence, overheard, intimately sensed, and inexplicably absent.

Tuesday, July 06, 2010

Drugstore hypocrisy:
 
For sale at Boots pharmacy: DOUBLE FACED PADS.


Saturday, June 19, 2010

as long as I hold on to a poem, I am certain I won't drown

Monday, June 07, 2010

l'anniversaire d'une disparition