Wednesday, July 08, 2009

On attend. Il devrait arriver quelque chose qui résoudrait l'attente, lui donnerait un sens et annulerait le mur, ou au moins découvrirait qu'il n'est pas insurmontable. Un événement, un accident, quelque chose, on se contenterait de peu, sans que l'on puisse deviner ce que cela pourrait être. On écrit donc en attendant mieux, sans savoir ce qui viendra, pour être là quand cela se produira, pour occuper l'attente et rester en éveil. Si on cessait d'écrire, on est sûr que cela n'arriverait pas. On ne voit pas comment, mais on s'accroche à l'espoir que l'événement surviendra aussi puissamment que le mur, un jour, s'est élevé, devant. Il faudrait que cette paroi disparaisse comme elle est venue. Alors, on se souviendra surtout du mur comme d'un temps mort. On respirera à nouveau. On respire déjà mieux de peut-être, un jour, respirer davantage et se trouver dans un espace délié. On respire déjà mieux d'écrire que quelque chose déliera. On écrit qu'on respire déjà mieux, mais ce n'est pas ce qui doit venir. En attendant, on écrit pour respirer un peu.
~ Antoine Emaz, Poème du mur



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