Monday, December 04, 2006

serait-il possible que, après la saison de la mort, vienne la saison du vivant?

Sunday, December 03, 2006

... saved from the censorship of a museum custodian at Maison européenne de la photographie, a shot through the negative of one of the three photos by André Kertész, exhibited, like the same model in different poses, in different contexts ...

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i said, i will give you voice. i will give my voice to you, and i will have none. speech, let now speech flow from your lips, speech your tongue shudders, tingles with sounds not your own, sweet bitter fruit, peel it, speech under its skin. i will utter, my voice in your throat, speech pulp between your teeth, swallow, my voice in your throat. i said, and i had none.

fragility of sleep: a plastic bag, stretched to line my waste basket, collapses under the weight of orange peels, inch by inch, settles at the bottom, crinkling, rustling plastic bag, teases me awake

Saturday, December 02, 2006

écrire à partir de rien. du rien qui m'habite. (le rien, c'est un vide d'émotion. soit que l'émotion habite à mon côté comme un petit animal mal-nourri. et cela dure. cela peut durer des mois. l'animal, c'est la peau et les os. surtout les os. je n'ose pas le toucher. il se meut encore, cet animal, mais je suis sûre qu'il ne me reconnaît plus.) écrire à partir du rien. pourquoi "à partir"? faut-il partir? un départ, est-il nécessaire? (on va saigner l'encre. l'animal le sait. une plume d'un oiseau inouï plonge dans les vaines de l'animal qui signe ainsi. écrire de la part de l'animal. et il faut encore, à côté, cet oiseau rapace.) on n'écrit pas pour se souvenir. on n'écrit pas souvent. presque jamais. on écrit afin d'oublier. l'oubli, l'oubli, un tendre lullaby, la houle, l'oublie, ça berce comme les vagues, comme le brouillard, ça s'oublie. ból, l'oubli. la douleur en polonais est comme une boule de neige. boule oubli, lullaby la houle. (l'animal mélange les langues. l'animal-émotion délaissé. il se nie dans cette boule de neige. il s'annihile. il se meut en rien. il a mal et rien. il s'écrie.) cette voix n'est pas humaine. mais elle n'est pas rien. elle ne se laisse pas prendre en piège ni en brouillon. elle ne se laisse pas prendre. ni au pied de la lettre, ni au bout de la langue, ni même par l'oreille. étrange animal. ce rien s'écrit. (il faudra déchirer les pages. leur blancheur de neige. les cris du papier blanc. couché sur la neige, l'animal se meurt, se meut. l'émotion, il se meut hors de soi, à côté de moi, presque oublié, mais, s'il aimait, aime-t-il toujours, l'animal, le même.) écrire rien. ce rien et pas un autre. celui-ci, précisément. lançant des boules de neige, ciblant la feuille vierge, écrire, blanc sur blanc. soit noir sur noir, perçant des trous noirs dans le ciel. si blanc soit-il, l'animal, il se meut. il ne parle plus. l'écrire. il faut l'écrire, cet animal. c'est sa dernière chance. (à partir de rien. à partir de ce blanc où il saigne. ce blanc qui se remplit de n'importe quoi, de la neige, du sang, de rien, du noir. à partir. écrire à part. solitaire. comme l'animal, chaque lettre. solitaire. chaque être qui s'écrie dans le blanc de la page.) impossible de le comprendre. l'animal ne parle pas. mais l'animal a une langue. des oreilles. une voix. il renifle le sang et l'encre. les aime, l'animal, et le sang et l'encre. il aime l'étoile. ce rien qui m'habite. trou blanc au sein d'une page noire. le poil de l'animal est lisse comme la page d'un livre. (cet animal, tu va le lire. tu va lui lire. tant qu'il y a la voix, l'animal se meut. il se meurt mais vit. les deux en même temps. il s'émeut. il aime les histoires. raconte-lui l'histoire de ce rien qui m'habite). écris. à partir de rien.